
Dans cet article, je propose une analyse de ces deux façons de communiquer à travers des exemples et des mises en situation amusantes. Vous verrez à quel point il est intéressant de se poser cette question pour communiquer en évitant de générer des malentendus ou de la frustration.
Pour démarrer, voici les définitions des termes implicite et explicite proposées par le Larousse :
Le communicant implicite : l’artiste entre en scène
Communiquer de manière implicite implique que les personnes auxquelles vous vous adressez comprennent exactement ce que vous attendez d’elles sans avoir recours à de longues explications ou de nombreuses réunions. Peu importe la méthodologie et la créativité déployées dès lors que vous obtenez les résultats escomptés.
Une personne implicite fait généralement preuve d’un bon sens de l’observation, sait écouter et aime apprendre des autres. Elle sait fédérer et décider de manière impartiale, partager son expérience et être agile face aux nouvelles idées.
Pour un chef d’équipe par exemple, cela implique de devenir un leader « par consensus » : c’est-à-dire obtenir la reconnaissance naturelle de ses équipes et de sa hiérarchie. Il aura réussi préalablement à les faire adhérer à sa vision par son sens de la narration et de ses émotions.
Pour fonctionner sainement et éviter au maximum les malentendus lors de phases opérationnelles, il est impératif d’évoluer dans un environnement de confiance mutuelle et de s’assurer que tous les interlocuteurs ont une parfaite connaissance du contexte dans lequel évolue l’entreprise.
Vous pourrez rencontrer ces profils dans tous les types de métiers, mais on les retrouve très souvent dans les milieux créatifs comme le marketing ou le design.


Le communicant explicite : l’ingénieur « au carré »
Communiquer de manière explicite, suppose que vous sachiez parfaitement ce que vous voulez, pour quand, pourquoi et comment le mettre en place.
Une personne explicite communique de manière très pragmatique, elle fait preuve de rigueur et connaît parfaitement son sujet et ses ramifications. Elle ne laisse qu’une faible part aux risques ou aux imprévus. De plus, elle fait généralement preuve d’exigence à l’égard des autres.
Pour l’exemple, un chef de projet dans l’aéronautique aura la capacité à endosser le rôle de leader « hiérarchique » : il est à sa place, car il est bien formé à la gestion des tâches, à la qualité, aux délais, aux processus, aux données financières, etc. Ses ordres suivent ceux de sa direction et ont déjà été réfléchis en amont. Ils sont directs et rarement discutables.
Derrière ce rôle qui ne laisse que peu de place à l’innovation et à l’humain, il est nécessaire d’être entouré de personnes prêtes à vous suivre et qui comprennent pourquoi elles le font sans pour autant se sentir malmenées quotidiennement.
Ces profils sont très représentés dans les milieux industriels, techniques ou commerciaux.
« Attention au bien-être de vos équipes, accordez-leur des moments pour décompresser et tendez-leur une oreille attentive le plus souvent possible. Votre réussite en dépend. »
Concrètement, qu’est-ce que ça donne ?
Voici une mise en situation de communication explicite dans une entreprise :
« Pierre et Julie, mettez tout ce que vous faites de côté. J’ai besoin d’un rapport sur la consommation de sucre des femmes françaises de 18 à 24 ans, des années 90 à aujourd’hui, sous forme de slides, pas plus de 10, avec 2 illustrations et 1 graphique, mais pas de tableaux, 3 bullet points max par slide, utilisez le template de l’entreprise, données sourcées, avant la réunion fournisseur de 14h aujourd’hui. » (OUF !)
- Première impression :
Cette formulation peut paraître trop précise et dirigiste : c’est le branle-bas de combat. Elle s’impose totalement sur les tâches en cours de Pierre et Julie, sur leur façon de réaliser le livrable, probablement sur leur heure de déjeuner et ignore la confiance qui devrait leur être accordée en débordant de détails.
- Les potentiels problèmes :
Toute la responsabilité est transférée vers les deux collaborateurs et ça peut être générateur de stress : peur de l’échec, pas dans les temps, trop d’attachement aux détails, perte de motivation liée à l’aspect rébarbatif, désorganisation, etc.
Si les équipes ne sont pas réceptives à vos directions et habituées à une forte agilité dans leur façon de travailler ou encore si vous avez mal jaugé la charge de travail requise pour le fameux rapport, vous prenez le risque d’épuiser mentalement ces deux collaborateurs. Et là, vous vous exposez à des problèmes bien plus graves tels que des arrêts de travail, une augmentation du turnover, la perte de sens…
- Avantages et inconvénients :
Comme je l’ai déjà dit, l’efficacité de cette façon de communiquer est de ne laisser quasiment aucune marge d’erreur quant à la teneur du livrable attendu. Mais attention au bien-être de vos équipes, accordez-leur des moments pour décompresser et tendez-leur une oreille attentive le plus souvent possible. Votre réussite en dépend.

Voyons maintenant une mise en situation avec une communication implicite :
« Écoutez-moi tous, c’est urgent, j’ai besoin d’un rapport sur la consommation de sucre des jeunes Françaises, des années 90 à aujourd’hui pour ce début d’après-midi, je vous fais confiance vous faites comme d’hab. »
- Première impression :
Cette seconde formulation « sonne » peut-être plus sympathique, mais elle semble trop vague et peut avoir des effets pernicieux si le contexte de l’entreprise et la confiance ne sont pas encore totalement acquis par tous.
- Les potentiels problèmes :
Dans cet exemple, l’équipe doit s’organiser elle-même, comprendre que les femmes de 18 à 24 ans qui aiment les smoothies sont la cible du rapport, qu’il faut livrer des slides au bon format, que les chiffres doivent être précis, que tout doit-être fini pour la réunion fournisseur de 14h, etc.
BREF ! C’est loin d’être évident et souvent la source de nombreux conflits ou frustrations à l’arrivée ! À répétition, vous vous exposez exactement aux mêmes problèmes que dans l’exemple précédent, alors assurez-vous régulièrement que tout le monde est bien sur la même longueur d’onde.
- Avantages et inconvénients :
Si toutes les conditions ne sont pas réunies, vous risquez l’échec total de votre projet. A l’inverse, lorsque le contexte s’y prête véritablement et avec du temps, l’implicite peut se transformer en véritable avantage compétitif : équipes plus soudées, mieux organisées, responsabilisées, et ayant la possibilité d’innover. Dans ce cas l’implicite permet de renouveler encore une fois la confiance que l’on se porte mutuellement et met tout le monde dans le même bateau pour tenir l’objectif. Et la motivation, ça n’a pas de prix !
« Observez votre entourage et posez-vous la question sur la manière dont vous communiquez ou vous recevez l’information. Vous verrez c’est étonnant ! »
Et vous alors ? Implicite ou explicite ? Voici un petit test amusant.
Répondez à la question suivante :
Savez-vous ce qui sert à s’asseoir, dormir et à se brosser les dents ?
À vos méninges ! … Vous avez trouvé ?
D’après vous, quelle est la méthode gagnante ?
C’est bien simple : rien n’est tout blanc ou tout noir, donc aucunes des deux méthodes si elles sont mal appliquées ou dans un mauvais contexte ! Et d’après mon expérience, je vous promets que nous sommes tous pareils lorsque nous avons le nez dans le guidon : nous avons tendance à communiquer d’une manière ou d’une autre sans forcément tenir compte des éléments précités. Et d’ailleurs, cela ne s’applique pas qu’au monde du travail !
Observez votre entourage et posez-vous la question sur la manière dont vous communiquez ou vous recevez l’information. Vous verrez c’est étonnant !
Pour conclure
Pour l’avoir vécu, il existe des entreprises dans lesquelles les deux types de responsables cohabitent. Dans ce cas, l’implicite sera plus proche du métier et pourra épauler l’explicite. Et quand les deux arrivent à travailler main dans la main (sans se marcher sur les pieds… 😉 ) c’est souvent bénéfique à tous les niveaux.
Le sujet du bien-être au travail est évidemment plus complexe et ne se cantonne pas simplement à ces deux manières de communiquer. Les individus, la culture de l’entreprise, le contexte social et économique sont autant de facteurs à prendre en compte dans l’équation. On en reparlera !
Cet article est basé sur mes propres expériences professionnelles, mes observations et mes lectures. Dites-moi s’il vous a plu et n’hésitez pas à me donner vos avis sur la question dans les commentaires. Je les lirais et y répondrais avec plaisir.
Pour allez plus loin sur le sujet implicite/explicite, je vous conseille également la lecture de cet article (en anglais) de managementcenter.org.
A propos de l'auteur(e)
Loïc MASSELIER
Co-fondateur de Quokkapi, entrepreneur dans l’âme et geek à mes heures, je m’intéresse tout particulièrement aux organisations humaines, aux cultures et à leur histoire. Je suis convaincu que le bien-être au travail n’est pas un vain mot et qu’il est urgent de nous réinventer. C’est pourquoi j’ai décidé d’agir à ma façon en vous proposant des contenus pour vous inspirer et vous aider à prendre des initiatives.
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